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Pâturage continu Des génisses mieux dans leurs pattes avec un pâturage continu

La mise en place d’un pâturage continu est une conduite qui va permettre de dégager du temps pour que l’éleveur s’attèle à d’autres tâches. Mais il devra pour cela bien maîtriser la pousse d’herbe sous peine d’accentuer le déficit de croissance, notamment lors de la période estivale.

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« Après trois années d’essai, de nouvelles espèces
comme les renoncules, le mouron ou la capselle, sont
apparues dans le pâturage continu. Ces espèces ont
principalement pris la place de la fétuque. »
(© Terre-net Média)

Depuis plus de 20 ans, les troupeaux bovins allaitant ne cessent de voir leur taille augmenter, de même que celle des surfaces nécessaires à la satisfaction de leurs besoins fourragers.

Dans ces troupeaux, il n’est pas rare que l’éleveur cherche toujours plus à améliorer sa productivité, compte tenu de la volatilité des cours et d’un nombre croissant de bêtes à surveiller.

« Ainsi, en complément de travaux visant à diminuer le travail d’astreinte en bâtiment, la question de la simplification se pose aussi pour le pâturage », explique Didier Bastien, de l'Institut de l’élevage.

Le pâturage tournant, une technique gourmande en temps

Dans l’Ouest de la France, les éleveurs ont solutionné une partie du problème en mettant en place la technique du pâturage tournant. « Mais cette pratique est exigeante en interventions qui prennent du temps lorsqu’elles sont cumulées : pose et entretien des clôtures, mise en place de points d’eau, changement des animaux de parcelles… », poursuit le spécialiste.

De fait, l’Institut de l’élevage, en partenariat avec la Chambre d’agriculture de la Vendée, a souhaité comparer un pâturage tournant sur 4 parcelles à un pâturage continu où les animaux pâturent une seule parcelle. Cette comparaison a été effectuée sur des génisses et des vaches allaitantes (vêlage d’automne) de race charolaise. Pour les génisses, l’essai est mené sur toute la saison de pâturage, contrairement aux vaches où il ne porte que sur la phase de pâturage de printemps, c'est-à-dire de la mise à l’herbe au sevrage des veaux en juin. À noter enfin que ces essais ont été répétés pendant trois saisons.

Des animaux plus calmes

Un gain de temps moins important sur les vaches

Pour les vaches, le temps de travail gagné grâce au pâturage continu est moins important : « sur les 70 jours de pâturage, l’économie de travail représente 15 % dans notre essai », détaille Didier Bastien, de l’Institut de l’élevage.
Au niveau de la croissance, le mode de conduite n’a eu aucun impact significatif que ce soit sur la reprise de poids ou l’état des vaches ou encore sur la croissance des veaux.

« Ces essais confirment de précédents résultats au niveau des performances animales et de la productivité herbagère liés au mode de conduite du pâturage », résume Didier Bastien. 

En clair, le pâturage continu permet un gain de temps de 50 % par rapport à un pâturage tournant. De plus, il amène une souplesse indéniable dans l’organisation des chantiers de l’éleveur.

Enfin, le pâturage continue a un effet « non négligeable » sur le comportement des animaux : « ces derniers sont beaucoup moins stressés par rapport au pâturage tournant, sans doute en raison d’un chargement inférieur : ils restent à leur place tranquillement quand l’éleveur vient les voir, contrairement au pâturage tournant où là, on voit des animaux qui s’approchent de la barrière et meuglent ».

50 % du temps libéré…

Pour les génisses, le temps de travail comparé entre les deux conduites est bien différent : sur l’ensemble des 184 jours de pâturage, les expérimentateurs ont eu besoin de 29h10 de travail sur le lot mené en pâturage continu, contre 60h15 pour le lot mené en pâturage tournant. « C’est évidemment le temps de changement de parcelle qui joue en priorité, de même que l’entretien des parcelles, les récoltes et l’affouragement inexistant en pâturage continu. »

Autre observation notable : le printemps a favorisé la croissance des génisses menées en pâturage continu (+100 g/j), mais l’été a été à l’avantage des génisses menées en pâturage tournant (+250 g/j).

… mais une croissance plus faible !

« Au final, la croissance du lot ‘continu’ est plus faible d’environ 150 g/j, soit une différence en fin d’essai de 21 kg de poids vif », précise Didier Bastien. Autre résultat, celui de la productivité fourragère : cette productivité est inférieure de 12 % sur le pâturage continu, soit une production totale de 5,3 t de MS/ha, contre 6,0 t MS/ha en pâturage tournant. « Cet écart est régulier sur les trois années de l’essai », soulignait le spécialiste vendéen.

De même, la diversité floristique est différente en fin d’essai, sur le lot des génisses, entre les deux pâturages : « on a vu apparaître des espèces différentes comme les renoncules, le mouron ou la capselle, dans le pâturage continu. Ces espèces ont principalement pris la place de la fétuque ».

Pour aller plus loin:

Institut de l’élevage : www.inst-elevage.asso.fr.

 

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